Bonjour Grégory, pourriez-vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour Laurent, je me nomme Grégory Nicolas, j’ai 47 ans, né à Paris. Maître sellier pour la maison mère Hermès à Paris, où j’ai consacré 21 ans de ma vie. Passionné depuis toujours par l’art et le design, je peins et dessine depuis de nombreuses années. La danse, que je pratique depuis 20 ans, est une autre de mes grandes passions.
Issu d’une famille de selliers maroquiniers depuis 1962, où mon père, ma tante et mon frère ont tous partagé et nourri cet amour pour les belles choses faites à la main en France, je chéris profondément le plaisir de l’artisanat d’exception.
D’où vient votre passion pour la mode et la maroquinerie en particulier ?
Dès mon plus jeune âge, j’accompagnais mon père à l’atelier. À cette époque, une soixantaine d’artisans y confectionnaient des sacs pour la maison Hermès, au 24 Faubourg Saint-Honoré à Paris. L’odeur envoûtante du cuir se mêlait au rythme des marteaux écrasant les coutures du point sellier, les rendant imperméables et résistantes au passage du temps. Cette symphonie rythmait la vie de l’atelier.
Voir des rectangles de cuir se transformer, étape par étape, en pièces de maroquinerie d’exception, était pour moi une source d’immense plaisir et de fierté. À 17 ans, porté par cette passion grandissante, j’ai décidé que cet art deviendrait mon métier, une vocation pour toute la vie.
Parlez-nous de votre expérience chez la célèbre marque Hermès
En 1993, j’ai intégré l’école du cuir de l’abbé Grégoire à Paris, où j’ai obtenu mon diplôme après deux ans d’études. Mes professeurs, d’anciens artisans de la maison Hermès, m’ont transmis leur savoir-faire et leur passion. En 1995, j’ai rejoint l’atelier ceintures de la maison mère Hermès à Pantin, situé dans la célèbre pyramide. J’ai ensuite travaillé dans l’atelier sacs voyage, puis dans l’atelier crocodile.
En 2010, je passe une année au bureau d’étude, où plusieurs de mes créations défiles pour Jean Paul Gaultier. J’ai eu l’honneur de fabriquer des objets d’exception pour la famille impériale chinoise et la princesse du Qatar, pour ne citer qu’eux.
En 2013, j’ai demandé ma mutation pour vivre en Savoie, une région que j’affectionne particulièrement. Je deviens cadre, formateur des formateurs et responsable du contrôle qualité des sacs réalisés par les artisans du site de production MHM à Aix-les-Bains. En 2017, animé par un rêve, je décide de quitter Hermès pour créer ma propre marque d’objets de luxe. NGdesing née 5ans plus tard.
Pourquoi avoir décidé de devenir indépendant en créant votre propre Griffe Ngdesign
J’éprouvais un besoin profond de m’exprimer artistiquement. Lorsque j’ai rejoint Hermès en 1995, seuls 270 artisans y travaillaient. Vingt ans plus tard, ce nombre avait grimpé à 5500. L’atmosphère de la maison avait radicalement changé, et je ne me sentais plus à mon aise. La production toujours croissante avait transformé les hommes en numéros, et seule la productivité importait, au détriment de l’ambiance et du bien-être des artisans.
Ayant occupé plusieurs postes clés chez Hermès, j’ai pris la décision de reprendre ma vie en main pour mon épanouissement personnel. Actuellement, je dessine, choisis chaque peau et réalise les prototypes de chaque objet NGdesign. Cela m’apporte une immense source de bonheur et de fierté, me permettant de renouer avec l’essence même de l’artisanat d’art que j’aime tant.
Vos créations, notamment vos sacs pour femmes, sont impressionnantes, parlez-nous de votre processus de fabrication ?
Entièrement réalisées à la main en France, aucune machine n’est employée du début à la fin de la réalisation pour les veaux grainés, et seulement une refendeuse est utilisée pour les objets en autruche et crocodile. Tout est entièrement cousue à la main, coupe des pièces de cuir et griffe comprises. Le fil de lin utilisé est fabriqué lui aussi en France. Chaque peau est choisie une par une par mes soins. L’écologie est au cœur de mes décisions et l’empreinte carbone est réduite au maximum. Il faut entre 70 et 80 h de travail pour réaliser chaque sac, bien plus pour les créations sur mesure jusqu’à 250h de travail. Le plaisir du travail d’exception est au cœur de mes préoccupations, cela me permet de garantir 10ans chaque réalisation Ngdesign.
Vos projets Grégory ?
Mon rêve est de faire connaître la marque au monde entier, en vendant en Chine, au Japon, et aux États-Unis. J’aspire à ouvrir des boutiques à Genève et à Monaco, tout en agrandissant notre atelier de confection. Je souhaite créer des emplois en France, particulièrement en Savoie, et ainsi perpétuer l’artisanat d’exception qui m’est si cher.
Ces ambitions ne sont pas seulement des objectifs commerciaux, mais des rêves nourris par la passion et le désir de partager la beauté du travail bien fait avec le monde entier.
Votre mot de la fin ?
Plus qu’un objet d’art, c’est un morceau d’histoire de l’artisanat français que vous porterez !
www.ngdesign-france.fr
IG : NGdesignfr