Bonjour Jean-Pierre Danel, pourquoi avoir attendu si longtemps avant de sortir un nouvel album ?
Je n’ai pas vu le temps passer… Je travaille un peu moins depuis quelques années. Il faut dire que j’avais pris de l’avance auparavant ! Depuis mon album de duos sorti fin 2010, j’ai été très occupé, car j’ai eu une petite fille… Et en fait, c’est elle, alors âgée de 2 ans, qui voulait entendre « la guitare de papa ». Elle m’a vu une fois ou deux à la télé et sur le net, et quand elle me voyait jouer un peu à la maison, elle était folle de joie. Alors, j’ai voulu faire les choses bien, et faire quelque chose dont il resterait un souvenir. Du coup, j’ai fait ce concert à la maison, pour qu’elle puisse y assister, étant trop petite pour sortir le soir dans une salle conventionnelle.
J’ai donc réuni des musiciens dans mon loft à Paris, on a fait venir un quintet de cordes, une scène, des lumières… J’ai invité environ 140 amis et membres de la famille, comme je l’aurais fait pour une grosse fête, ou un anniversaire. On a joué les morceaux que j’avais envie de faire comme dans une soirée entre amis. On s’est bien amusés ! Sony a ajouté un Best Of, avec des extraits de mes albums précédents, et le disque est né ainsi. Du coup, c’est devenu un coffret avec 2 cd et 1 dvd live.
Il y a beaucoup de duos avec des artistes prestigieux dans Guitar Tribute, pourrais-tu nous en parler ?
C’est toujours un plaisir de jouer avec des gens que l’on admire et que l’on aime bien, en prime. Tout ça, c’est de l’affect, pas du business. Travailler avec Laurent Voulzy, c’est un bonheur, parce qu’il aussi adorable que talentueux. On a fait 3 duos ensemble, j’ai produit des choses qu’il a enregistré également, et on s’est aussi retrouvés sur scène, notamment avec mon père pour son spectacle au Casino de Paris. C’est toujours bien. Louis Bertignac, c’est pareil, il a joué comme ce que l’on attend de lui, avec toute sa fougue et sa sincérité. Formidable ! Hank Marvin, avec qui j’interprète deux duos sur l’album, est le mythique soliste des Shadows.
Ce groupe là a bouleversé l’histoire de la pop, et leurs fans sont les Beatles, Pink Floyd, Dire Straits, Led Zeppelin ou Queen, dont Brian May, le guitariste, est d’ailleurs présent dans mon dvd. Il y a une filiation dans tout ça.
Avec Michael Jones, nous avons fait un tas de choses depuis des années : duos sur disque et sur scène, écriture de chansons, promo télé, etc. C’est un homme très talentueux, qui chante et joue incroyablement. Et il est délicieux ! Et puis, mon père m’a rejoint sur Shadoogie, un titre des Shadows, et c’était très émouvant, car c’est le morceau qui m’a donné envie de me mettre à la guitare quand j’avais 10 ans, puis que nous avons joué sur scène lui et moi en 1982. Le refaire presque 35 ans plus tard, ensemble, mais cette fois devant ma fille, qui est donc sa petite fille, c’était une vraie émotion.
Comment définirais-tu ton style musical ?
Je dois être un peu vieux jeu, semble-t-il, car j’aime surtout la musique des années 60 et 70, un peu 80 aussi. J’aime le rock, la pop, la chanson française aussi. Du coup, comme ce sont mes influences, et ça se ressent dans ce que je fais, je suppose. Mes titres sont un mélange de tout ça.
Comme il y a une part d’instrumental, j’ai eu la chance que le tout voyage pas mal à l’étranger, et ça aussi, ça participe à l’influence globale sur mon travail. Aux États-Unis, faire un long solo de guitare n’effraie ni les radios ni les maisons de disque. Ici, c’est assez différent. Le résultat est une synthèse de tout ça sans doute. Du rock, en gros, assez mélodique, c’est le côté pop.
Tu prépares un événement à Paris avec des personnalités le 7 Avril ?
En fait, c’est le label qui fête la sortie de Guitar Tribute, et qui y mêle une jolie surprise, puisque le dvd contenu dans le coffret (le concert) a été certifié disque d’or 4 jours seulement après la sortie du disque.
Un important passage télé a beaucoup joué dans tout ça je crois, et le disque a démarré très fort, beaucoup plus que ce que nous aurions tous imaginé… Du coup, il y a cette soirée pour la remise du disque d’or et pour fêter la sortie de l’album, avec des amis et les gens qui ont travaillé sur l’album.
Peux-tu nous citer les moments forts de ta carrière ?
C’est toujours difficile de faire une liste… Mes duos avec Hank Marvin, car c’est lui dont je m’inspirais petit garçon, en essayant d’apprendre ce qu’il jouait sur ses disques. Jouer avec mon père devant ma fille, comme je l’expliquais, a été une très grande émotion partagée.
Voir une de mes compositions, The Pink Side of Miss Daisy, entrer au classement des ventes du Billboard, aux États-Unis, a été quelque chose d’assez singulier également. Après, chaque rencontre, chaque évènement, te nourrit et finit par construire le tout qui constitue ton parcours, et les choses deviennent assez indissociables. C’est complexe d’en extraire une hors du contexte qui l’entoure et la fait naître.
Tes espoirs pour 2016 Jean-Pierre ?
Que le monde se calme ! La culture, c’est la paix… L’éducation est la clé de tout. Sans compréhension et capacité d’expression, il n’y a pas de discernement. Je voudrais que le monde qui s’offre à nos enfants soit moins inculte, et donc moins violent.
Ton mot de la fin ?
Partagez la culture, l’art, la musique, les livres, les films, les jeux. Communiquez, échangez, créez, construisez ensemble. Il est temps que l’Homme devienne intelligent…
Propos recueillis par Laurent Amar
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