Bonjour Paul, pourrais-tu te présenter à mes lecteurs qui, peut-être, ne te connaissent pas encore ?
Hello Laurent ! Paul Dureau, 21 ans, parisien et souriant à la fois ! Bon et joyeux vivant. Je suis chansonnier et imitateur au théâtre des deux Ânes et j’anime depuis cinq ans l’émission radiophonique “Le Clan des Chansonniers.
Peux-tu nous expliquer la particularité des humoristes que l’on appelle “chansonniers” ?
Dans le fond, un chansonnier est un humoriste qui traite sur scène de l’actualité et principalement de celle de la politique. L’idée est de faire rire aux dépens d’infos pas toujours très gaies.
Dans la forme, le chansonnier, c’est d’abord une façon de s’exprimer et de voir les choses. Nous considérons l’actualité et la vie sous un prisme souriant, léger. Il y a une dimension poétique et insouciante chez les chansonniers. Contrairement à certains confrères amuseurs qui confondent le plaisir de rire et le désir de nuire, nous ne faisons qu’égratigner nos cibles. Et si nous ridiculisons un peu la République et ses représentants, c’est parce que nous sommes au fond très français. “Qui aime bien châtie bien”…
Ton spectacle se joue au théâtre des 2 Ânes, à Paris, un lieu culte dans lequel tes pères se sont produits, je pense notamment à Jean Amadou. Une grande responsabilité pour toi ?
Une énorme responsabilité. Il existe une tradition centenaire aux 2 Ânes. Tous les plus grands du genre y sont venus. René Dorin, Jean Poiret, Pierre Dac, Pierre-Jean Vaillard, Jean Rigaux, Robert Rocca… Et Jacques Mailhot, mon cher directeur. La responsabilité est d’autant plus importante pour moi que je suis le seul. Aucun autre jeune chansonnier ne se trouve dans la nouvelle génération d’humoristes.
Par effet de vague, ils se lancent plutôt dans le stand-up. Mais attention, si j’essaye de reprendre la tradition, il importe aussi de la dépoussiérer. Je suis un “chansonnier 2.0”.
Parle-nous de ton nouveau show, “Politic Circus”, tu l’adaptes en temps réel en fonction de l’actualité. Comment arrives-tu à écrire aussi vite ?
“Politic Circus” suit au jour le jour la campagne présidentielle 2017. C’est le seul spectacle qui évolue constamment. Les deux derniers quinquennats ont tellement donné l’impression d’un gigantesque bazar que tous les Français auraient pu trouver ce titre pour désigner la situation dans laquelle nous vivons.
L’idée du spectacle est de tourner l’actualité en dérision, et quelle meilleure période que la campagne présidentielle pour le faire ? Tout va plus vite : les bourdes, les trahisons, les affaires de sexe… Campagne démultipliée qui plus est, grâce aux deux primaires. Pour moi, c’est une époque bénie. Rendez-vous compte, en seulement un mois : Copé et ses pains au chocolat, Juppé qui a la super pêche”chez “Prisunic”. Sarkozy battu, Fillon ressuscité, Hollande à la retraite… Il n’y a qu’à se baisser.
Quels sont les hommes politiques que tu préfères brocarder ?
Ceux qui font le plus sourire le public. Hollande était un personnage de choix. Pendant la campagne présidentielle, tous les candidats seront brocardés de la même façon, mais, en général, j’aime assez m’en prendre aux ministres en place, car ce sont eux qui agissent.
Najat Vallaud-Belkacem, Ségolène Royal et Jean-Vincent Placé me semblent à un degré d’incompétence et d’arrogance assez inédit. À droite, Fillon et Juppé sont de bonnes cibles.
Avec l’abdication de Hollande et la chute de Sarkozy, ne viens-tu pas de perdre tes meilleurs “clients” ?
Ce fut la Saint-Barthélemy des locataires de la rue du Faubourg-Saint- Honoré. Effectivement, perdre les deux, coup sur coup… C’est dur ! Snif ! Mais ça va permettre de faire entrer de l’air frais dans la classe politique.
Tes projets, Paul ?
Je suis en discussion avec une grande radio pour un format humoristique inédit. Et une tournée s’annonce pour “Politic Circus” à partir du mois de mai.
Ton mot de la fin ?
Venez au théâtre des deux Ânes découvrir, ou redécouvrir, un spectacle d’humour politique.
Car la seule promesse vraisemblable de nos dirigeants, c’est de nous offrir pour longtemps encore de quoi sourire.
Propos recueillis par Laurent Amar
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