Kara, Markus, Connor, trois androïdes, trois protagonistes que vous incarnerez à tour de rôle dans cette aventure atypique, fascinante et inquiétante, signée par les frenchies de Quantic Dream. Les équipes de David Cage, notre Hideo Kojima national, ont réalisé une œuvre futuriste à l’accent grandement philosophique.
Des machines dotées d’une intelligence artificielle équivalente, voire supérieure, à l’homme. S’agit-il d’êtres à part, conscients et vivants ? Notre humanité doit-elle s’appliquer également à ces créatures de métal si elles ressentent de l’empathie, de la douleur ou de l’amour ? Telles sont les questions abordées avec subtilité et clairvoyance par David Cage dans « Detroit Become Human », exclusivement sur PS4.
Nous sommes en 2038 dans la ville de Detroit aux États-Unis, l’industrie automobile vient d’être remplacée par celle de la robotique. CyberLife, une multinationale sans scrupules, que nous pouvons d’ailleurs comparer à la si décriée mais bien réelle entreprise américaine Boston Dynamics, commercialise des robots savamment humanisés appelés « androïdes ». Ces derniers sont au service des êtres humains et les remplacent dans de nombreuses tâches. Mais la colère monte, le chômage, la surpopulation, l’effondrement de l’écosystème et la menace d’une troisième guerre mondiale rendent la vie quotidienne des humains plus anxiogène que jamais. Les androïdes seront les boucs émissaires tout désignés.
Nous suivrons les parcours de trois d’entre eux, la belle Kara, incarnée par l’actrice Valorie Curry, androïde qui entrera au service d’un homme célibataire alcoolique et violent, accro aux substances illicites, maltraitant sa fille Alice. Celle-ci trouvera en Kara une mère de substitution.
Markus, interprété par l’acteur Jesse Williams, connaît une vie plus facile. Il est l’homme à tout faire de Carl Manfred, un artiste vieillissant, célèbre, millionnaire, et surtout très respectueux des androïdes. Markus aura un rôle prédominant dans la suite de l’histoire. Notons que Carl est incarné par l’acteur Lance Henriksen.
Enfin, Connor est un androïde policier, il enquêtera sur les « déviants », ces androïdes qui se rebellent et assassinent leur maître avant de s’enfuir.
Ces trois personnages vivront leur propre histoire avant, bien sûr, de voir leurs chemins se croiser.
Comme pour tous les jeux Quantic Dream, le gameplay est minimaliste. Le joueur déplace son avatar dans un univers, certes peu étendu, mais d’une beauté et d’un réalisme presque jamais vus dans un jeu vidéo.
Nous sommes bien loin de certaines approximations visuelles d’un jeu en monde ouvert. La prouesse graphique des équipes de David Cage force le respect, nous nous trouvons dans un jeu photo réaliste.
Ce monde futuriste de la ville de Detroit est parfaitement mis en scène et reproduit. Le gameplay change sur certains aspects en fonction du personnage que l’on contrôle. Connor, par exemple, devra effectuer un travail d’analyse afin de découvrir des indices pour son enquête. Kara et Markus ont des gameplay plus simples, mais sur des niveaux de taille plus importants.
Le coup de génie scénaristique de David Cage consiste dans les choix cornéliens qui vous seront proposés et ils auront un impact direct sur la suite de l’aventure. Dans « Detroit Become Human », vous ne recommencerez jamais une partie si vous faites une action peu pertinente. Vous devrez continuer l’histoire en assumant vos décisions autant que possible. Les créateurs du jeu vous mettent la pression car ces choix devront s’effectuer dans un laps de temps très court, comme dans la réalité.
En revanche, vous pourrez recommencer le jeu en choisissant d’autres options scénaristiques afin de vivre la suite de l’aventure sous un aspect différent, avec un cheminement et des conséquences différents.
« Detroit Become Human » est un jeu à sensations fortes, où l’on éprouve une empathie rarement atteinte pour un personnage virtuel. Personnellement, ce fut pour la douce et belle Kara, j’ai même failli tomber amoureux d’elle ! Cela promet quand tous ces androïdes deviendront bien réels, ce qui ne devrait prendre que deux ou trois décennies.
« Fahrenheit », « Heavy Rain », « Beyond Two Souls », et maintenant « Detroit… », David Cage nous démontre une fois de plus son talent de conteur d’histoire. Il place le jeu vidéo solo narratif à un niveau scénaristique bien souvent supérieur à des séries Netflix ou HBO. Mais surtout, et cela sera notre conclusion, David Cage a une vision du futur effrayante, mais hélas objective. Notre civilisation atteint un seuil technologique remarquable, mais saura-t-elle maîtriser son avenir ?
Les astrophysiciens expliquent que, malgré nos efforts, nous n’avons jamais détecté de civilisations extraterrestres dans l’univers observable, qu’une civilisation technologiquement avancée est inéluctablement amenée à s’autodétruire. Ils appellent cela « le grand filtre ». Sans spoiler, « Detroit Become Human » explore l’une des facettes potentielles de ce « grand filtre ».
Inquiétant, mais passionnant.
Note de la rédaction : 18/20
Éditeur : Sony
Tarif conseillé : 69 euros
Plate-forme : Exclusivement sur PS4 et PS4 pro (configuration conseillée pour profiter du HDR)
Disponibilité : Déjà dans les bacs
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