C’est une nouvelle série originale de Canal + qui fait parler d’elle ! Et comme on le sait, la chaîne est connue pour ses créations particulièrement travaillées, avec des sujets profonds et parfois risqués, voire loufoques. The Young Pope, Engrenages ou Baron noir en sont des exemples, parmi tant d’autres.
Contrairement à la plateforme Netflix qui peine à créer des séries françaises de qualité (à part le récent succès de Lupin avec Omar Sy, notamment à l’international), Canal + laisse libre cours à l’imagination d’auteurs et de réalisateurs comme Clémence Dargent et Martin Douaire pour la série Ovni(s). Véritable petit bijou déjanté, le sujet, les acteurs, l’époque dépeinte et l’humour sont les ingrédients parfaits pour un voyage presque psychédélique au cœur des étoiles !
Une histoire originale
La série se déroule en 1978 et tourne autour du personnage de Didier Mathure, qui est un ingénieur aérospatial de grande renommée, travaillant pour le CNES. Dès le premier épisode, le projet sur lequel il travaillait échoue, avec l’explosion d’une fusée lors de son lancement. C’est alors qu’il est « mis au placard » et qu’on lui confie la tête du Gepan, petit groupe qui traite tous les sujets OVNIS et dont l’objectif est d’en trouver une explication rationnelle. Le brillant ingénieur, fervent cartésien, va peiner à s’intéresser aux croyances d’hurluberlus qui voient des soucoupes volantes dans le moindre rayon lumineux apparaissant dans le ciel.
Des acteurs talentueux
Melvil Poupaud, incarnant Didier Mathure, nous livre une prestation décalée et extrêmement subtile de cet ingénieur ne sachant que croire au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue. Mais si la série arrive à convaincre, c’est aussi grâce au casting particulièrement réussi de l’équipe du Gepan : Michel Vuillermoz, Quentin Dolmaire et Daphné Patakia donnent réellement corps à leurs personnages déjantés, chacun ayant une motivation propre à étudier le phénomène extra-terrestre.
Car c’est avant tout ce mariage de personnalités diverses, parfois grotesques, qui crée une sorte de magie dans leurs interactions. Comme autour d’une table où chacun jouerait selon des règles de poker différentes, les membres de l’équipe du Gepan semblent tous avoir une vision divergente de la science, ce qui entraîne des situations particulièrement cocasses et extravagantes. Du flamand rose adopté par Véra à la naïveté touchante de Rémy, les personnages sont loin des clichés habituels et donnent une bouffée d’air frais dans l’univers du petit écran français.
Une esthétique psychédélique
Légende : Les ovnis continuent d’inspirer les réalisateurs français
La série Ovni(s) est une ode aux années 1970, avec une esthétique particulièrement colorée se retrouvant dans une photographie saturée, jouant avec les lumières naturelles comme artificielles. La musique électronique et les plans de caméra sinusoïdale nous transportent dans une aventure presque ésotérique. Et on apprécie les costumes si emblématiques de ces années hippies, ainsi que la référence aux stars emblématiques de cette époque, comme David Bowie ou Jean-Michel Jarre. C’est un retour en arrière particulièrement jouissif, mettant en avant l’univers et l’esthétique des années 1970 avec bio !
Une dichotomie en fil rouge du récit
Si l’intrigue se trouve toujours à la frontière entre le réel et l’irréel, le rationnel et l’irrationnel, la réalisation joue sur cette ambiguïté avec des choix de mise en scène originaux, naviguant entre l’enquête cartésienne et la science-fiction. On passe de David Bowie à des flamands roses tombés du ciel, puis à des complots impliquant l’armée dans une fluidité extrêmement maîtrisée et passionnante.
Car c’est ce qui fait la force de cette série : elle arrive à nous interroger, nous intriguer, nous laisser sans réponse concrète face à des phénomènes inexplicables. Ces personnages sont-ils leurrés par un complot militaire ou les extra-terrestres tentent-ils réellement d’établir un contact avec nous ? Les révélations s’enchaînent parfaitement et jouent avec notre sens de la perception, révélant des détails oubliés ou des explications logiques aux événements observés. Chaque épisode se finit par un nouveau mystère et le rythme est parfaitement mené, sans les longueurs dont souffrent beaucoup de séries françaises.
Après le dernier épisode, magistral, qui nous laisse avec plus de questions que de réponses, on attend tous impatiemment une saison 2 de la série phénomène ! Et bonne nouvelle : elle est déjà commandée et son tournage devrait commencer en avril 2021. Une raison de plus de se lancer et de découvrir cette pépite du petit écran français !
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