Depuis les débuts de la PlayStation 3, la série « Uncharted » constituait une référence dans l’univers vidéo-ludique pour son degré d’excellence, autant sur le plan technique que sur le plan scénaristique.
Certes, le premier épisode montrait des carences dans la réalisation, mais déjà, nous sentions chez le studio Naughty Dog la volonté d’offrir une production largement supérieure aux autres.
Ce fut chose faite, en partie seulement, car la véritable claque viendra deux ans plus tard, avec la sortie, en 2009, d’une œuvre imparable, implacable, un pur chef-d’œuvre, « Uncharted 2 ». Avec son rythme effréné et ses scènes d’action déjantées auxquelles succédaient des séquences contemplatives, comme ce village tibétain apparaissant après le niveau du train, il aura laissé bouche bée nombre de joueurs et d’observateurs spécialistes du jeu vidéo.
Difficile d’atteindre à nouveau une telle perfection avec « Uncharted 3 » ! Effectivement, même si la partie technique était toujours aussi impressionnante, le plaisir de manier notre héros Nathan Drake se révélait inégal, sans doute à cause de phases de jeu maladroites ou répétitives, et d’une histoire ressemblant trop à la précédente.
« Uncharted Collection », sorti l’année dernière, venait parfaire la réalisation des trois épisodes en les adaptant sur PlayStation 4 et permettait de rehausser le niveau visuel en les faisant tourner en 1080p et en 60 images/seconde. Ce fut un véritable plaisir de redécouvrir ces jeux d’exception, dans les meilleures conditions possibles, grâce à la puissance de la nouvelle console de Sony.
Forcément, un épisode exclusif à la PS4 de « Uncharted » fut rêvé par les fans de Nathan Drake et de sa bande d’explorateurs.
Elle se sera fait attendre, cette suite, ultime épisode de la saga. Le titre du jeu ne ment pas, « A Thief’s End » – La fin d’un voleur -, référence directe au métier du héros, pilleur de tombes.
Le jeu démarre par l’évasion de Nathan de son orphelinat. Nous avions ainsi, à l’instar de «Uncharted 3 », des informations directes et précieuses sur l’enfance et les origines du héros.
Puis vient une séquence, plus contemporaine dans la vie de Nathan, dans une prison sud-américaine, où il devra chercher des indices sur un hypothétique trésor, avec la complicité d’un gardien corrompu. Le trésor en question est celui d’un célèbre pirate, Henry Avery, fil conducteur du jeu.
Le récit de « Uncharted 4 » est délibérément décousu : après cette scène, arrive un autre flash-back, car Nathan Drake est aujourd’hui « retiré des affaires » et coule des jours paisibles avec la belle Elena Fisher en Malaisie, où il occupe un poste de plongeur sous-marin.
Nos tourtereaux sont désormais mariés, mais Nathan s’ennuie ferme dans cette vie rangée. Il regrette sa vie d’aventurier à la recherche de trésors et de cités perdues.
Une séquence stupéfiante vient illustrer ce sentiment. Nathan, toujours sous votre contrôle, explore le grenier du confortable appartement qu’il occupe avec Elena. Là, se trouvent les différents artéfacts découverts, ou pillés, au fil de ses aventures. On en reconnaîtra certains, que le héros nous décrit. Bien entendu, nous partageons la nostalgie de
Nathan, car en réalité, ces trésors, nous, joueurs, les avons trouvés au cours des trois précédentes aventures.
Ensuite, Sam, le grand frère de Nathan, réapparaît, menacé de mort par un parrain de la pègre s’il ne retrouve pas dans les six mois le fameux trésor de Henry Avery le pirate. Ni une ni deux, Nathan invente une histoire à son épouse et se lance dans une nouvelle aventure, celle de trop, pour le meilleur, mais surtout pour le pire, d’où le titre de ce quatrième épisode.
Concernant l’aspect technique du jeu, notamment le graphisme, Naugthy Dog pousse la PlayStation 4 dans ses ultimes retranchements, offrant un résultat magistral. Pour beaucoup, « Uncharted 4 » constitue le plus beau jeu vidéo de tous les temps sur console !
La végétation, les ruines, les effets aquatiques, les panoramas à couper le souffle, tout dans« Uncharted 4 » incite à la contemplation et à l’émerveillement, et en 1080p et 60 images/seconde, une prouesse !
Nous nous attarderons surtout sur la qualité d’écriture de ce chapitre final. La géniale directrice de création pour les trois premiers épisodes, Amy Hennig, s’étant fait remercier, avec les honneurs, par la direction du studio au début du développement – Stars-media lui rend hommage – laisse la place, mais pas à n’importe qui, à l’équipe de « The Last of Us », considéré également comme un chef-d’œuvre vidéo-ludique.
Nous sommes alors dans une narration et une scénarisation beaucoup plus proches du cinéma que du jeu vidéo. La dramaturgie de « Uncharted 4 », avec cette nouvelle équipe, est poussée à son paroxysme, moins dramatique et sombre que « The Last of Us », malgré tout plus mélancolique que les trois précédents épisodes, essentiellement fondés sur le flegme et l‘humour, dans chaque situation.
La jouabilité et le gameplay restent les mêmes, hormis le grappin, la jeep et le crochet qui permet à Nathan d’escalader des endroits où il ne peut se suspendre seul.
La mise en scène est toujours aussi diaboliquement efficace et la modélisation des visages nous fait naviguer au milieu d’un océan de photoréalisme.
Des défauts dans « Uncharted 4 » ? Un seul, il n’égale pas le fameux deuxième épisode, « Among Thieves ». Mais c’est impossible, même avec les consoles de nouvelles générations, car l’effet de surprise était là.
Ce fut la même chose pour les fans de « Zelda », après la sortie de « Ocarina Of Time » et de « Majora’s Mask » sur N64. Les autres épisodes n’étaient pas moins bons, mais les fans avaient côtoyé les cieux, et il fallut bien redescendre.
Cela dit, « Uncharted 4 » est une merveille, l’aboutissement d’une saga à la recherche des vestiges de civilisations anciennes et oubliées, mais aussi de joutes épiques. Nathan Drake, Elena, Sam et le sympathique Sully vous attendent pour vivre leur ultime aventure, ne les décevez pas !
Laurent Amar
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